Contexte et objectifs

Avec 220 millions d’hectares, le blé tendre est la céréale la plus cultivée dans le monde. Nourriture de base pour 30% de la population mondiale, le blé est également, avec le riz, la céréale la plus consommée en alimentation humaine, fournissant en moyenne 532 kcal par personne et par jour, soit environ 20% des besoins alimentaires journaliers moyens.

L’agriculture mondiale se trouve actuellement face à un défi sans précédent : répondre à la demande alimentaire changeante d’une population mondiale grandissante et ce, dans des conditions environnementales et sociales durables. Ainsi pour nourrir une population qui devrait atteindre les neuf milliards d’individus à l’horizon 2050, une augmentation annuelle des rendements de l’ordre de 1.7% est nécessaire. Parvenir à cette augmentation serait envisageable dans un environnement stable mais paraît plus douteux dans un environnement soumis au changement climatique qui affecte non seulement les rendements mais aussi leur stabilité. Des progrès sans précédent depuis la Révolution Verte des années 60 doivent donc être réalisés au niveau de l’amélioration variétale et des pratiques agronomiques pour permettre cette augmentation de la production alimentaire.

Ainsi, dans un contexte de changement global, concevoir des variétés alliant rendement, qualité, valeur nutritionnelle mais également résistance aux stress biotiques et abiotiques est devenue une priorité pour l’agriculture. Pendant le processus de domestication et de sélection, le blé a subi un important goulot d’étranglement qui a résulté en une base génétique relativement restreinte. Une priorité stratégique pour l’amélioration au niveau mondial est donc d’enrichir le pool des variétés cultivées en y incorporant de nouveaux gènes ou allèles d’intérêt agronomique. Pour cela, il est possible d’exploiter la diversité naturelle des blés (landraces, cultivars traditionnels et variétés modernes) et également des espèces apparentées constituant ses pools primaire, secondaire et tertiaire (ancêtres diploïdes et tétraploïdes, autres espèces du genre Triticum ou Aegilops, seigle, orge, Agropyron, Thinopyrum…). Cependant, afin de pouvoir exploiter tout le potentiel de cette diversité, il est nécessaire de la caractériser et de la comprendre.

C’est cet objectif qui est au cœur du projet de recherche de l’équipe « Diversité & Génomes » (DiGen). Nos travaux se déclinent selon deux axes principaux qui peuvent se résumer aux questions suivantes : (1) Comment la diversité génétique mondiale a-t-elle été façonnée ? (2) Comment pouvons-nous mieux intégrer la diversité génétique dans les programmes de sélection variétale ?